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J'AI LÉCHÉ LE DÉODORANT D'UNE PUTE

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accroche

Il est seul, perdu, tout le monde est mort autour de lui.
Elle est seule, à force de n’être entourée que de clients et a pour seul refuge sa dose quotidienne.
Avec un humour tout anglais, on suit leurs errances et la rencontre improbable de ces deux «paumés»
de l’existence. So british!

résumé

Une courte pièce: le client et la pute; lui cherche le ventre de sa mère, elle quelqu'un qui la nomme. Un regard très aigu sur deux personnages perdus.

J'ai léché le déodorant d'une pute: titre-confession pour une pièce à deux personnages, se déroulant dans une chambre, une ruelle, un bar-dancing. L'homme, englué dans le souvenir de sa mère morte, frustré sexuellement et vivant seul, est attiré irrésistiblement vers la pute et l'acte le plus sexuel qu'il perpètre envers elle consiste à lécher la bille de son déodorant... La pute, droguée au crack, inféodée à son mac et dealer surnommé Groslard, spécialiste de l'abattage multinational, finit par héberger l'homme sous son lit, où il se shootera involontairement des vapeurs du crack et de la poussière de cocaïne...

auteur, Jim Cartwright

Jim Cartwright est né et vit dans le Lancashire, au nord de l'Angleterre. Il écrit "I Licked a Slag's Deodorant" en 1996, qu'il met en scène sur une commande du Royal Court Theatre. Il est très peu monté en Suisse et bien moins connu que nombre de ses contemporains anglais, tels Sarah Kane, Edward Bond, Gregory Motton ou encore Martin Crimp…

traducteur, Jean-Marc Lanteri

Jean-Marc Lanteri, né en 1962, est auteur dramatique. Agrégé de lettres modernes et docteur ès lettres, il enseigne la littérature et le théâtre à l'université de Darmouth college (USA) et à l'Institut Français du Royaume Uni. Il écrit des articles de critique littéraire et dramatique pour diverses revues : Littérature, Les Cahiers de la Comédie Française, Alternatives Théâtrales, Europe, Séquence.

notes du traducteur

Titre vaguement scandaleux mais titre ô combien cocasse, car la pièce évite tous les pièges du voyeurisme, elle ne s'attarde jamais sur les clichés d'une relation sado-masochiste ou ses relents de psychanalyse. On ne relèvera en effet aucune complaisance ou misérabilisme dans la juxtaposition de ces deux parias, mais une poésie forte et un humour ravageur. L'acte, un va et vient entre l'homme et la femme, séparés par des cloisons de chambre, des heures différentes, et dont les rencontres épisodiques ne sont que narrées par chacun des protagonistes. Lorsqu'au deuxième acte les deux figures se rejoignent et s'unissent, jamais elles ne dialogueront. Au soliloque diffus et torturé de la pute, succédera celui quasiment apaisé de l'homme qui a trouvé, sous le lit de la putain, une sorte de havre paradoxal, de niche cocasse. Pour décrire le chassé-croisé de l'homme et de la femme, l'écriture dramatique se fait largement cinématographique, procède par plans rapprochés et alternés sur les deux figures, sans que jamais la parole ou la figure d'un tiers n'interviennent autrement que comme matière à récit. Cartwright alterne savamment les ellipses et les raccourcis saisissants avec les échappées lyriques les plus surprenantes. La pute dopée au crack trouve des images à la fois fortes et ironiques pour décrire son calvaire quotidien. On songe au lynchage imaginaire du "Groslard" qu'elle assimile à l'abattage de Mobydick. On songe au catalogue des clients qu'elle subit et qu'elle étiquette en fonction de leur manière de baiser. Mais l'homme n'est pas en reste à son dernier chant, lui à qui la pute semble avoir légué en même temps que ses restes de dope, une partie de ses pouvoirs imaginaires.

commentaires

Dans un monde où le commerce du sexe avance comme un raz-de-marée, je trouve bon de rappeler ce qu’il y a derrière la façade médiatique et largement diffusée sur Internet. La "sexy attitude" de la publicité, les filles sur le web, tout ça a l’air bien propre et on oublie la queue de la comète, les laissés-pour-compte dont plus personne ne se préoccupe: celles qui travaillent dans la rue devant des portes d’hôtels et ceux qui consomment dans des chambres lugubres. La vitrine est immaculée; les taches hantent les trottoires. Notre société essaie de les balayer, sans aucune forme de respect, le but étant de se les cacher à soi-même, pendant qu’elles se font prendre aux pièges de cette vie : les macs, la drogue, les dépressifs. Un combat de toutes les minutes contre sa propre dépression. Une lutte pour la vie… mais quelle vie? Je crois qu’il est bon d’en parler aussi! C’est ce que fait avec lucidité Jim Cartwright.

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