compagnie Hypolaïs

PENSE QUE TU ES...

accroche

• Une exploration poétique du monde d'aujourd'hui à travers le prisme grossissant du surréalisme des situations et des personnages.
• Dix situations où l'homme se révèle être humain! Sous la loupe du cynisme, le scalpel de l'humour, entre le marteau et l'enclume de l'absurde, le comportement des personnages est disséqué. Et le public d'observer l'étalage de ces organes, tels que la tendresse, la fraternité, la mauvaise fois, la raillerie, la surdité, la cruauté...

résumé

• Le spectacle commence au bord d’une route. Une femme fait de l’Auto-stop. Et un homme fait de l’auto-stop. Et une conversation banale surgit, l’un veut faire l’amour, l’autre est d’accord, mais finalement rien ne se passe, ce n’est qu’une conversation et ils ne vont pas dans la même direction.
• Le Coureur nous raconte, en courant, sa mésaventure que personne ne comprend: il ne peut plus s’arrêter de courir, toujours tout droit, sans s’arrêter, jusqu’à la mer…
• Un couple discutent après avoir fait l’amour. Le mec se grille une clope et plus rien, le vide, reproché par la demoiselle. Après l’amour plus rien n’existe alors "Je ne suis plus ton lapin".
• Le public asssite à un stage en mendicité. Afin qu’il sache mendier correctement si un jour il se trouve dans une situation désespérée. Le spécialiste n’oublie pas de préciser qu’il faut faire Attention aux vieilles dames rongées par la solitude.
• Le laveur de cerveaux 1 expose onze propositions pour le grand public. Il s’agit là simplement de rendre évident, judicieux et rationnel aux yeux de tous, que le lavage de cerveaux est indispensable à l’harmonie sociale.
• Dans une prison, un prisonnier apprend que Le pays est navré que le téléphone ne marche pas, alors que tous les prisonniers ont droit à passer un coup de fil. La voix du chef a parlé!
• Le laveur de cerveaux 2 expose onze propositions plus ou moins constitutionnelles à l’attention des cadres en charge de l’administration et de l’ordre public. Il s’agit là de bien comprendre que chacun doit y mettre du sien.
• Deux snipers embusqués dans une planque en hauteur. Quand c’est la première fois qu’on va tuer, ce n’est pas facile de tirer! Le plus expérimenté dira au plus jeune «Pense que tu es Dieu», mais cela suffira-t-il?
• Le laveur de cerveaux 3 expose onze réglementations concernant le bon fonctionnement des centres de lavage à l’usage exclusif du personnel chargé du lavage et de l’entretien des centres. Il s’agit de respecter une certaine hygiène de lavage.
• La rencontre de deux badauds au bord d’un puits dans lequel un chien aboie. Que faut-il faire? Le sortir de là? Le nourrir ? Ils ont Du pain plein les poches. Ils bavardent et bavardent et le temps passe et bavardent et ne font rien. Mais ne seraient-ils pas eux aussi aboyant dans un puits?

avertissement

«[…] Ces textes sont comme les morceaux d’un miroir cassé. Il y a eu, une fois, l’objet en parfait état. Il réfléchissait le ciel, le monde et l’âme humaine. Et il y a eu, on ne sait pas quand et pourquoi, l’explosion. Les morceaux dont nous disposons maintenant font partie, sans doute, de la matière originaire. Et c’est dans cette appartenance à la matière originaire que réside leur unité, leur parfum, leur identité d’atmosphère. Pour le reste, le jeu consiste à essayer de reconstituer l’objet initial. Mais le fait est impossible car le miroir originaire, personne ne l’a jamais vu, on ne sait pas comment il était. Et peut-être que certains morceaux manquent… Néanmoins, le jeu est fascinant car chaque fois que nous rassemblons les modules dont nous disposons, nous construisons quand même quelque chose… Un miroir qui n’est jamais parfait mais qui réfléchit pas mal de choses… […] Avec ces textes qui invitent à construire un ensemble, l’auteur a voulu imposer au metteur en scène une seule contrainte: la liberté absolue.» Matéi Visniec

auteur, Matéi Visniec

Auteur aux visages multiples, Matéi Visniec a toujours manifesté un intérêt particulier pour les "brèves théâtrales". Ces petites formes correspondent parfaitement à son humour incisif et grinçant, coloré d'une pointe de cet absurde du quotidien qu'il maîtrise au plus haut degré.

Né en Roumanie en 1956, il s’est d’abord fait connaître avec sa poésie épurée, lucide, écrite à l’acide, avant de se consacrer à l’écriture dramatique. Ses premières pièces circuleront abondamment dans le milieu littéraire roumain, mais resteront interdites de création. Il devient très actif au sein de la génération 80 qui a bouleversé le paysage poétique et littéraire de la Roumanie de l'époque. Il croit en la résistance culturelle et en la capacité de la littérature de démolir le totalitarisme. Il croit surtout que le théâtre et la poésie peuvent dénoncer la manipulation des gens par les "grandes idées", ainsi que le lavage des cerveaux opéré par l'idéologie. Depuis 1987, il vit et travaille en France. Une vingtaine de ses pièces écrites en français sont aujourd’hui éditées et son théâtre est joué dans une vingtaine de pays, y compris en Roumanie depuis la chute du régime communiste.

«Je suis l'homme qui vit entre deux cultures, deux sensibilités, je suis l'homme qui a ses racines en Roumanie et ses ailes en France.»

commentaires

La bonne conscience des salopards ou Chacun sa merde
par Vincent Cambier

Voilà du Visniec pur sucre! Situation de départ délicieusement absurde et déstabilisante. Histoire de remettre les neurones conditionnés en place. Mais pas seulement huiler la mécanique à synapses: trop facile! La conscience, aussi. La bonne conscience de salopard qui nous habite tous… Le boomerang de la lucidité revient toujours avec une clarté de cristal.

Un chien dans un puits, c’est inadmissible. Mais, avant d’agir – parce qu’il faut le sortir de là, n’est-ce pas? –, on se pose des questions. Beaucoup de questions. Après tout, ce n’est pas de notre faute si ce con de clébard…

Ce réquisitoire théâtral interroge notre bassesse, parfois aussi profonde qu’un puits sans fond. Dans ce registre, les deux personnages rivalisent d’arguments fallacieux et d’une hallucinante mauvaise foi.

Visniec, ce foutu Franco-Roumain, scrute – mieux que certains auteurs dramatiques français – les mots avec acharnement. Il traque les substantifs et la syntaxe à double fond. Il leur fait rendre gorge jusqu’à la garde. Il les oblige à vomir tout leur venin caché. Et c’est évidemment très drôle! […]

notes du metteur en scène

Mes deux derniers spectacles datent de 2007 et 2005. Cela fait maintenant 3 ans que je n’ai pas réalisé de mise en scène, et je suis bien obligé de constater que cela me manque. Un manque similaire à la faim. J’ai soif de création.
Cette soif s’est décuplée à la découverte des textes de Matéi Visniec. Et l’urgence s’est imposée avec la vente des Anciennes Caves du Palais. Je suis triste que la ville de Neuchâtel se sépare de ce lieu, mais je suis fier de pouvoir y réaliser un projet.
Il est impensable pour moi de créer ce spectacle ailleurs: aucun lieu de théâtre n’offre une telle atmosphère en accord avec l’univers commun aux textes et surtout, une telle diversité de recoins dans lesquels chaque tableau trouve sa place.
Comme Matéi Visniec "décompose" son théâtre, et laisse le soin au metteur en scène d’en composer sa propre architecture, je choisis le cadre de chaque histoire en les disséminant dans le bâtiment. Ainsi le spectateur se déplaçant pour découvrir les nouveaux décors, va également composer une vision globale du bâtiment. Et comme c’est un peu sa dernière chance de le voir avant sa "rénovation", je devrais dire transformation et ré-affectation. Renaud Berger

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